Sophrologie pour cavaliers: comment gérer positivement ses émotions
La peur, le stress, le doute des cavaliers sont souvent sources de malaise et détériorent la relation avec leur cheval, alors qu’elle est la base de notre sport, empêchant de parvenir à une connexion profonde et sereine.
De même, l’incapacité à gérer la frustration que nous pouvons éprouver face à un échec, à un comportement du cheval désagréable ou à des dynamiques répétitives que nous n’arrivons pas à modifier, peut nous amener à reproduire cette situation sans fin, ce qui nous conduit à être toujours moins en harmonie avec notre cheval.
Les états émotionnels dont on peut faire l’expérience dans notre parcours de cavaliers et de cavalières sont nombreux et ils ont une incidence particulièrement importante en raison de la grande intelligence émotionnelle des chevaux. Notre compagnon de sport devient souvent un véritable miroir et reflète les émotions et les comportements de son cavalier. Ainsi, avec des cavaliers en proie à des états émotionnels négatifs, des situations déplaisantes viendront se créer dans le couple: difficultés à interagir avec le cheval, escalade d’incompréhensions qui vont miner le bien-être du couple et le plaisir lié à la pratique sportive.
La sophrologie permet aux cavaliers de se recentrer, de reprendre le contrôle des émotions, d’éliminer les tensions et d’optimiser leurs capacités physiques et mentales. Si le cavalier est serein et confiant, le cheval le sera également et la connexion du couple amènera en général à l’obtention des résultats attendus.
Un accompagnement en sophrologie est efficace à tous le âges, à tous les niveaux et pour toutes les disciplines équestres: il permettra d’entrer dans un état émotionnel utile à la création d’une relation de qualité avec le cheval, ce qui est indispensable à la pratique d’une équitation respectueuse du bien-être des chevaux et de leurs cavaliers. La sophrologie nécessite un travail corporel pour les cavaliers, en particulier sur leur respiration que les chevaux perçoivent de manière très subtile ( il existe des chevaux tellement sensibles qu’ils règlent leur respiration sur celle de leurs cavaliers, ce qui peut être une ressource incroyable dans certains cas, mais une grande limite dans d’autres). C’est ainsi que la respiration devient aussi un moyen d’améliorer la communication entre l’homme et l’animal.
Pour gérer ses émotions, il faut comprendre le fonctionnement du corps. Tout commence par le rythme cardiaque : quand le rythme cardiaque est trop élevé, le cœur envoie un signal au cerveau qui active le système nerveux sympathique. Ce système est associé à des émotions telles que le stress, l’angoisse, la peur, la colère. Par contre, lorsque le rythme cardiaque est plus lent, le système nerveux parasympathique s’active, associé à un état de bien-être, de calme, de confiance, de sérénité. Grâce à des exercices de respiration, il est possible de passer du système nerveux sympathique au système nerveux parasympathique, en empêchant ainsi de se laisser dépasser par les émotions. Il faut souligner qu’une respiration correcte dans la pratique sportive est absolument indispensable, en ce qu’elle permet l’oxygénation du sang et donc du cerveau et contribue ainsi à la gestion de l’effort et au maintien de la lucidité pendant l’effort.
Quels sont les bénéfices d’une séance de sophrologie?
Comment se déroule une séance de sophrologie?
Il existe différentes modalités de séances:
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Mon expérience personnelle
Ti amo
Au fil des années j’ai appris qu’avec les chevaux, il est nécessaire d’entrer dans un état émotionnel parfaitement adapté à ce que l’on doit faire ensemble. Je pense pouvoir affirmer que cela va au-delà de la seule gestion correcte de nos émotions et de notre stress, au-delà de l’activation de notre concentration et de notre entrée dans l’état de “flow”, la transe des sportifs.
Dans ma vie de cavalière, il y a eu une jument qui m’a appris plus que n’importe quel autre cheval. Elle s’appelait Ti amo, c’était une jument hypersensible, hyperactive, hyper réactive. A peine arrivée chez moi je me suis aperçue qu’elle était aussi autodestructrice: quand je l’ai montée pour la première fois, dans un grand manège, elle se mordait régulièrement le poitrail jusqu’au sang et, lors du premier galop, je me suis sentie intimidée par sa puissance; percevant mon émotion, elle a réagi par la fuite et est allée se cogner plusieurs fois la tête contre les murs du manège, absolument incontrôlable. La situation était décidément alarmante, je sentais monter en moi la peur et la colère, mais surtout je sentais que son stress et ses émotions devenaient les miennes.
Ti amo était une jument que l’on ne pouvait pas aller chercher au pré comme un cheval quelconque: si j’arrivais un peu distraite ou en traînant des pieds, pensant à toutes les choses à faire et à ma fatigue, pire encore si j’étais en colère ou en retard, elle ne se laissait pas attraper, elle sautait la clôture et elle commencait à galoper partout de façon incontrôlée. Je devais me montrer heureuse de la voir, l’appeler gentiment avec une voix apaisée mais sans hésiter. Quand j’arrivais à entrer dans l’état optimal pour elle, je ne devais même pas utiliser ma voix, il n’y avait pas besoin de licol ou de longe, elle me suivait en confiance jusqu’au box.
En concours, malheur à moi si j’étais impatiente ou déçue, elle devenait folle. Je devais m’assurer d’être calme, sereine, gentille mais aussi déterminée, alors il ne me suffisait que d’orienter mon regard pour la faire tourner, elle sautait avec grande facilité, j’avais l’impression de la guider par la pensée. Si, pendant un instant de tension, je retenais mon souffle, me sentant en apnée, elle se contractait et effleurait une barre, elle pouvait me le pardonner à la condition que je m’en aperçoive tout de suite et que je me relâche… Si par contre je me laissais envahir par la déception elle devenait ingouvernable et tentait de charger et taper quiconque qui se trouvait en piste.
Avant de bien me connaître, elle me mettait régulièrement à l’épreuve. Par exemple, elle donnait un violent coup de tête vers le bas devant l’obstacle numéro 1 et elle prenait sa battue d’appel en enlevant une foulée: si je la suivais en souplesse et en confiance, elle respirait un coup et finissait son tour, docile comme un cheval d’école; si je me laissais envahir par l’inquiétude, elle devenait violente et ingouvernable.
D’autres fois, il est arrivé qu’elle me donne un coup de pied lorsque, distraite, je passais derrière elle, toujours avec le postérieur droit et toujours sur mon derrière, pas pour me faire mal, mais plus comme un petit coup de pied que l’on donne à un ami pour plaisanter. Si je réagissais avec inquiétude ou inconfort, elle devenait un monstre, alors que si je me mettais à rire en la regardant, elle se tournait vers moi, soupirait et elle devenait ma meilleure alliée. Avec le temps, ce petit coup de pied est devenu une sorte de jeu entre nous, si je devais faire une reconnaissance et si quelqu’un me la tenait en main, je passais exprès derrière elle et elle me donnait son petit coup de pied, je rigolais et elle soupirait.
Ti amo était unique, elle avait sans aucun doute des comportements bizarres et atypiques, mais si j’arrivais à me connecter à ses émotions et à respecter sa sensibilité, elle était horsclasse par ce mélange idéal d’intelligence et d’athlétisme. Je l’ai détestée et aimée à la folie, cette jument qui m’a contrainte, comme personne d’autre, à une conscience de moi-même accrue. Grâce à elle, j’ai entrepris un parcours nouveau, consistant en une approche de mes chevaux et de moi-même beaucoup plus empathique, précise, consciente et raffinée.
Ti amo était de ces chevaux à qui il faut ouvrir son cœur sans condition, elle a été pour moi la guide de mon existence jusqu’à sa mort, de colique. Elle ne tenait plus sur ses jambes mais elle n’a accepté de s’allonger que lorsque je le lui ai demandé. J’ai lutté avec elle et quand j’ai compris qu’il n’y avait plus rien à faire, seulement à ce moment, elle s’est laissée partir.
Les chevaux comme Ti amo sont rares et précieux. Elle m’a ouvert de nouveaux horizons et c’est pour cela que je pense à elle et que je la remercie à chaque fois que je mets le pied à l’étrier.